lundi 3 février 2014

INTERVIEW DE CLAUDE BARZOTTI..

posté le jeudi 01 décembre 2011

Était-ce important pour vous de partager en chanson et donc avec le public ces épreuves que vous avez vécues ? 

Oui. Parce que finalement, tout ce que j’ai écrit tout au long de ma carrière, je l’ai vécu. La première chanson, ça a été « Madame ». J’étais mécanicien de vélo, j’avais 20 ans. Et le patron m’a invité au « Métropole » à Bruxelles boire un verre. Il y avait une dame devant moi qui avait 40/45 ans. Et j’ai flashé sur cette dame. Quand je suis rentré pour travailler, j’étais en train de remettre des rayons à une roue, et l’idée de la chanson m’est venue. C’est une chanson certes facile, mais complètement vécue [Claude entonne le premier couplet de « Madame »]. Il suffisait simplement d’y penser. Toutes mes chansons sont des histoires vécues. J’ai donc voulu parler de ce problème, l’alcoolisme, qui touche beaucoup de personnes. 

J’ai l’impression que cet album est un peu plus grave que les précédents. 

Oui, vous avez raison. Quand on prend une chanson comme « La Maison est à Vendre » dans laquelle je dis « la maison est à vendre / à qui veut bien l’entendre / ce n’est plus un secret… », j’évoque la crise dans laquelle nous vivons. Je pense que c’est ce qu’il y a de plus triste dans un ménage, c’est quand il faut vendre sa maison. Je voulais en parler. Ce n’est pas triste triste, mais c’est la réalité des choses. 

Vous avez écrit une chanson pour votre fille également, « Ma fille se marie ».

Je lui ai dit que j’allais enregistrer un nouvel album. C’était un après-midi. Elle m’a dit « Tu pourrais tout de même écrire une chanson sur moi ! » Et le soir, j’ai regardé la télé, j’ai zappé, il n’y avait rien. Je me suis mis au piano et j’ai écrit cette chanson très rapidement. Alors, elle a 35 ans maintenant, je ne sais pas si elle va se marier un jour… Moi, j’ai 58 ans, et j’ai résisté au mariage ! (rires) 

Vous composez et écrivez beaucoup en règle générale ? 

Le bon dieu m’a donné un don, c’est l’écriture. Je n’ai aucun mérite. Je me mets au piano et c’est parti. L’internet et les ordinateurs, c’est du chinois pour moi. Pour cet album, j’ai dû écrire une trentaine de chansons. Et j’ai choisi les meilleures. Après, quand on rentre en studio, on regarde ce qu’on peut faire avec les arrangements. « Ma fille se marie » a été une catastrophe à ce point de vue-là… On lui a fait quatre arrangements différents avant de trouver le bon. Il y avait toujours quelque chose qui n’allait pas comme je voulais. Et comme pour cette chanson, j’avais une idée très précise d’où je voulais l’amener, j’avais l’arrangement en tête, il fallait que ce soit celui-là. 

Que faites-vous de ces chansons que vous ne sélectionnez pas ? Vous y revenez un peu plus tard ? 

En règle générale, une fois que c’est fini, c’est fini. La page est tournée. On repart sur d’autres chansons. 

Vous avez commencé à travailler sur cet album il y a environ six ans. Est-ce qu’il y a eu un déclic ? Une chanson ou un événement qui a donné son impulsion au projet ? 

Je me suis dit qu’il était temps de faire un album, que je me remette à écrire. J’ai pensé que les gens avaient encore besoin de tendresse et d’émotion et je me suis remis à l’écriture. Mais j’avoue qu’au jour d ‘aujourd’hui, c’est extrêmement difficile. J’ai l’impression de recommencer une nouvelle carrière. Je refais des dédicaces, je refais toutes les radios libres. J’ai commencé par le nord, puis j’enchaîne avec le sud. Dans dix jours, je repars dans l’est de la France. C’est inimaginable. Et c’est bien plus difficile qu’avant. Avant, il y avait en Belgique RTL et RTBF et en France, RTL, Europe 1 et RMC. Si une de ces radios vous prenait, et si la chanson était bonne, bien entendu, c’est bien simple, on faisait un succès. Aujourd’hui, ce temps-là est révolu, c’est terminé. On travaille beaucoup plus… et ça rapporte beaucoup moins ! (rires)

<<LE BON DIEU M'A DONNE UN DON , C'EST L'ECRITURE JE N'AI AUCUN MÉRITE >>

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Quel regard jetez-vous sur votre métier qui a changé très rapidement ces dernières années ? 

Je fais avec. Je suis un peu triste. Le métier n’est plus du tout pareil. Ça a beaucoup changé maintenant. Avant, on vendait 1000 disques, aujourd’hui on en vend 100… Et encore, parfois, c’est 10. Avec « Le Rital », j’ai connu des périodes où je vendais 26 000 disques par jour, aujourd’hui, si on vend 100 disques par jour, c’est une des meilleures ventes… Et c’est la même chose pour tout le monde. C’est vraiment triste, aujourd’hui, les gens téléchargent… Mais je ne me plains pas. J’ai très bien gagné ma vie. Je la gagne encore très bien parce que j’ai la chance de faire encore beaucoup de spectacles. Mais il ne faut plus compter sur les ventes ou les droits d’auteur. 

« Une autre vie », qui donne son titre à l’album est tout de même une chanson un peu désabusée…

 Pourquoi dites-vous ça ? 

Je vais reprendre les deux derniers vers « Je confirme : La terre est ronde / mais j’ai pas trouvé c’que j’cherchais… », ce n’est pas joyeux joyeux…

Disons que je parle un peu de… [L’émotion envahit Claude quelques instants] C’est-à-dire que je n’ai jamais rencontré la femme de ma vie. Je suis un célibataire endurci, je vis avec mes deux chats. Je ne suis pas plus mal, je suis heureux. J’ai mes filles mais je n’ai pas de femme. C’est ce que je dis dans la chanson. On a beau être célèbre, on est toujours entouré par des milliers de personnes, mais quand le rideau est tiré, on se retrouve seul…

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