lundi 13 janvier 2014

ARTICLE PRESSE SUITE

- Votre album respire la chanson d'amour à l'italienne, sans concession aux modes. On ne se refait pas... - Non, il n'y a pas de raison, puisque c'est la musique que j'aime. Je ne pense pas que Richard Cocciante ait envie de varier non plus. On change de chansons, pas de style. On peut mettre les arrangements musicaux au goût du jour, c'est tout. Les modes sont éphémères. - Quelle est la part de vécu dans vos chansons? - Lily m'a inspiré pour 90 %. Nous avons subi des séparations et des réconciliations. Je la connais depuis treize ans, bien que nous n'ayons jamais vécu ensemble. - Pourquoi? - Nos caractères sont incompatibles. Je reconnais que je ne suis pas facile à vivre. Quand je rentre à la maison, j'aime être seul. Je n'ai jamais supporté d'avoir quelqu'un tout le temps chez moi. - L'un de vos morceaux fait entendre ceci : « J'vais m'asseoir ici, juste devant ta porte. Tu entendras de ton lit ma guitare et mes notes. » Une situation qui vous est familière? - Oui, car, entre Lily et moi, il y a eu de fréquents allers et retours. A chaque fois, on se dit : « Bon, maintenant, cela va se passer bien mieux. » - C'est à la fois l'amour et la guerre? - Oui, c'est pourquoi je chante « Si ce n'est pas de l'amour, alors, c'est quoi? » - Treize ans, c'est une longue histoire... - Oui, mais on s'est quittés pendant deux ans, puis notre histoire a repris durant trois mois. A présent, c'est fini... avant de recommencer demain... - A-t-il été question d'enfants entre vous? - Oui, mais cela n'a pas marché. Je le regrette, parce que j'aurais bien voulu concrétiser ce souhait. - Vous écrivez « Je te hais parce que tu n'es plus là »... - Oui, je te hais, car sans toi, je ne peux pas m'endormir. « Le pauvre vieux » évoque ma rencontre, en Italie, avec un homme qui jouait de l'accordéon dans le métro et qui aurait voulu être un musicien célèbre. « Villa Rosa » est également basé sur du vécu. J'étais parti pour la Sicile avec des copains. Nous étions attablés dans un restaurant de Villa Rosa, un petit village de trois ou quatre mille habitants, et j'ai eu brusquement envie d'écrire sur ce lieu, mais comme s'il s'agissait d'une femme. Ils sont vingt mille à en être originaires en Belgique! Vous allez n'importe où, vous tombez sur des gens de Villa Rosa. Moi, mes racines sont sur la côte adriatique. - Malgré les paroles suivantes, « A ne pas oser lui parler, à ne pas oser l'aborder, comme si c'était péché mortel d'apprécier beauté aussi belle », vous ne semblez pas quelqu'un de timide. Vous est-il quand même arrivé de perdre vos moyens? - Vous vous trompez, je suis une personne très timide! Pas sur scène, là, tout va très bien, de même qu'au moment des dédicaces. Sinon, je suis fort discret. Je ne suis absolument pas du genre à accoster rapidement une femme. Il m'est arrivé plusieurs fois, comme dans la chanson que vous citez, de me sentir paralysé par une jolie fille, et cela, depuis mon âge le plus tendre. « Madame » aborde ce thème. J'avais 20 ans et j'étais mécanicien de vélos. Je me trouvais dans un café de la place de Brouckère, et le patron m'avait offert un verre. Il y avait devant moi une agréable femme dans la quarantaine, mais je n'ai pas eu le cran de l'aborder. C'est ainsi que j'ai écrit « Quand je vous regardais tendrement, j'aurais bien voulu vous parler, mais le courage m'a manqué ». - Aujourd'hui, cela va mieux? - Oui, je suis moins inhibé, et puis, les choses sont un peu plus aisées pour moi. Un micro à la main, plutôt qu'une truelle, c'est plus facile! (Rires.) - Profitez-vous de votre notoriété? - Un peu, je ne vais pas dire le contraire. Je n'ai pas de regrets, j'ai eu la chance de connaître pas mal de femmes magnifiques. - Le romantique que vous êtes s'est-il souvent approché de ses aspirations les plus profondes? - Je crois que je suis un marchand de rêves, et l'on m'a renvoyé l'ascenseur. On écrit d'abord pour soi-même. Ensuite, une fois que l'on est reconnu et qu'on entend les gens fredonner ses compositions, on comprend qu'ils se sont retrouvés en elles. Chanter devant un public et être applaudi par lui est une chose merveilleuse. - Vous vouliez reprendre « Caruso », qui a finalement été enregistré par Luciano Pavarotti et Florent Pagny. Pour vous, c'est l'archétype de la chanson d'amour? - C'est un morceau extraordinaire, doté d'une mélodie superbe. On n'en fait de pareilles que tous les trente ans! Dans la même lignée, j'ai donc décidé de reprendre « Encora », qui est, tout simplement, un chef-d'œuvre. - Quel est le secret d'une telle chanson? - Si le texte est magnifique mais la mélodie mauvaise, vous vous cassez la gueule, c'est clair. Le mariage heureux entre les deux est indispensable.

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